On était allé ces dernières années jusqu’à oublier le plaisir de voyager, de passer les frontières, de se dépayser. Le virus d’abord nous contraignait au surplace ou au périmètre défini par nos frontières. Voyager était interdit ou compliqué, pas raisonnable. Il n’était pas non plus naturel car trop émetteur de CO2 et il faudrait penser à compenser, mais compenser ça ne sert à rien, qu’à fuir le problème en faisant mine de le solutionner dans 30ans.
Alors c’était tout ça qui nous échappait : prendre un billet, enregistrer en soute un bagage surdimensionné et le faire passer sur un tapis réservé au gros colis.
Puis à l’arrivée le récupérer, en sortir les pièces détachées d’un objet que tu remonterais bientôt les yeux fermés : ton vélo. Le charger de sacoches pleines de tout ce qui est essentiel pour passer d’un jour à l’autre sans manquer, ni de chaleur, ni d’hygiène, ni même d’évasion dans ton évasion.
Recommencer à pédaler loin de tes bases, réapprendre à causer engliche, à écouter engliche. Recommencer à prendre le vent de face et à avancer comme un escargot, ta maison sur ton vélo. Recommencer à ne pas avoir le choix d’aller, aujourd’hui, du point Å au point B même si le temps t’engagerait plutôt à rester à Å.
Mais surtout quelque soit ta vitesse de déplacement, le lieu où tu te déplaces, et que ce soit à pieds, bus, train ou vélo… ressentir la richesse du fait « d’être ailleurs », dans ce paysage que tu as choisi de découvrir, avec ces gens que tu as choisi de rencontrer, sans même dire le mot « culture », dans le simple appareil de ton itinérance, ton habit de lumière orange, noir, jaune, bleu, vert et pourquoi pas rouge… ressentir cette richesse n’avait pas de prix, elle nous avait été retirée à juste titre et la voilà, aujourd’hui revenue.
Les lofoten étaient une de mes destinations rêvées, c’est pour cela que j’ai immédiatement réservé des billets lorsque j’ai su que Flyr mettait en place un direct Montpellier-Oslo.
Le résultat est conforme aux attentes : on écarquille souvent les yeux pour profiter de paysages spectaculaires. On apprécie la gentillesse des locaux, la facilité d’accès des gens qui tous parlent parfaitement l’anglais, l’impression de sécurité, même à 2 roues, dans laquelle on est.
J’aimerais certainement y revenir, à vélo peut être dans le cadre d’un autre voyage plus long ? Ce qui est certain c’est que les lofoten sont déjà bien peuplées dès la mi-juin alors que la saison n’a pas encore réellement démarré. Beaucoup de circulation déjà sur la E10, beaucoup de camping cars malgré le litre de diesel à plus de 2,5€ !! Le vélo reste l’outil idéal pour se déplacer lorsqu’on prend le temps, et il peut être couplé au bus. Pour une visite des îles en vacances, ça semble suffisant si l’on n’a pas une famille à faire suivre bien sur. Pas de gros cols mais beaucoup de petites montées parfois 8 à 9%, quelques pistes… par contre, comme en Bretagne (en beaucoup plus froid… mi juin la température ne dépasse pas 14°), il peut pleuvoir plusieurs fois par jour, et entre les pluies on peut ne pas voir de rayons de soleil… on nous a dit que souvent on venait voir les Lofoten et on repartait sans les avoir vues…
Bref voilà, le plus beau voyage est toujours le prochain, ou celui qui se termine.
Les deux phrases étant vraies, « toujours » est de trop, tout comme « plus ». Profitons tant qu’il est encore temps de voyager dans ces pays, sans exagérer la consommation de km aériens, ni les polluer à coup de gazoil, ni encombrer leurs routes côtières fantastiques avec des moteurs vrombissants.
Vive le vélo et le velo-bus 🙂
Bravo encore pour toutes ces superbes photos, ce dépaysement et tous ces récits hauts en couleur 🙂