Un capitaine de route que j’ai connu dans de précédentes expéditions me poussait, pour « avoir des clics » à rédiger des récits sensationnels, parfois très éloignés de la réalité du terrain. J’ai souvent cédé à ses injonctions pour encaisser l’argent généré tous les millions de lectures d’ articles parfois excessifs.
Aujourd’hui, fuyant la quantité pour la qualité, je m’adresse au public restreint de ceux qui aiment pédaler dans la fraîcheur et n’ont pas peur d’emmener dans leurs sacoches des tonnes de fringues pour « si qui se mettrait à neiger ». Public restreint dont tu fais parti, cher lecteur, et je t’en remercie.
Alors aujourd’hui nous avons quitté l’auberge Furu, près d’un lac au nord de Leknes, au bord de la célèbre E10, la nationale que nous suivons depuis Å. Cette auberge était superbe et calme, pleine de surfers venus tâter de l’eau fraîche mais turquoise dans les spots du coin, réputés, mais vraiment réservés je pense, à une catégorie de sportifs issue des Igloos, des glaciers ou des frigos. Même turquoise, tu sens bien que c’est un coup à te geler les arpions, juste en y trempant un pied. Les montagnes tombant à pic dans cette mer faussement tropicale, avec quelques névés à fleur d’eau pour dénoncer la supercherie, tout ça ne doit attirer que quelques dingues de la wave… Pas nous qui pedalons avec plaisir.
NB : Hier soir enfin nous avons eu le soleil à minuit !! Et quel soleil !
Et aujourd’hui donc ? Etape court et tranquille jusqu’à Hennigsvaer dans des paysages somptueux et frais, entre mer et haute montagne (même culminant à 700m seulement, les parois souvent encore enneigées et la végétation rappellent notre haute montagne à nous), enfin ensoleillés même si la température est descendue sous les 10° il me semble, au milieu du parcours.
Une petite escale en route à Oldsfjord pour nous sortir un peu de la E10 par un chemin de traverse était un bon moment de tranquillité, car s’il faut avouer un petit défaut à ce périple, c’est la circulation assez intense sur l’axe E10 et le peu d’alternatives laissées aux vélos (hormis les contournements de tunnels) : il faut dire que construire une route dans ces montagnes n’est sûrement pas simple.
Petite étape au total de 40km. Demain ce sera encore plus mini puisque nous ralierons Solvaer.
Toujours de très belles photos et un récit comme je les aime !