Hier soir Rve m’a amené son Apidura : une grosse sacoche de selle dans laquelle j’ai introduit de façon très compressée de quoi me changer a l’étape de ce soir, entre Meyruies et Ste Enimie, en esperant y trouver un petit hôtel sympa pour passer la nuit. Bon je n’ai pas réservé… j’aime me dire que je serai libre comme ça de choisir à tout moment d’arrêter ou de continuer, un peu comme sans filet, mais dans un coin que je connais par cœur.
Bref ce matin je pars libre dans la tete… mon bagage bien arrimé, direction St Hippolyte, le Redares et le Mercou pour commencer. Vers Soudorgues je suis face à ma première contrariété : le 28 ou 26 (je ne sais pas) saute… je suis contraint de rester sur le 24 ou 25 (bin oui je ne sais pas plus) pendant les 4 derniers km. Il est 10h15 et il commence a faire un peu chaud… et cette nouvelle n’est pas de bonne augure… j’ai prevu de rejoindre Cabriac via le col des Salides, et chacun sait qu’il y a quelques rampes tres raides avec lesquelles on ne plaisante pas… bon… au pire je marcherai.
Me voilà dans la vallée borgne, direction St André. Le vent s’est levé assez brusquement et j’ai du mal a comprendre d’où il vient au debut… l’aérologie de cette vallée me semble bien compliquée… mais elle se précise dans les premiers km d’ascension vers les rousses : ce sera vent dans la gueule pour aujourd’hui.
A 1km de la bifurcation vers le col de salides changement d’orientation cependant : le vent semble descendre de l’aigoual et me pousser vers Florac… je me laisse un peu porter par son orientation et je change mes plans. Exit la nuit a ste Enimie, direction Florac et apres on verra.
J’aime beaucoup le passage du tunel de Marquaires jusqu’à 10km de Florac : les Rousses, Vebron… c’est tres beau. Mais ce vent, toujours ce vent dans les oreilles… ça saoule.
Florac : croque monsieur, salade, perrier et café. Le temps de chercher un hotel : Ispagnac, l’hôtel des vignes rouges, 65€, 8km d’ici ! Que demande le peuple ? Allez hop c’est parti. Arrivé au croisement Ispagnac/Mende j’ai un peu de jambes… si je pars sur Ispagnac je sais que demain matin je vais devoir me hisser sur le causse via la montée de Quezac (une couene absolument infame au petit dej)… la j’ai le col de montmirat qui se presente a moi, 12km puis une longue descente vers Mende… et au moins ce soir je pourrai aller au cinoche… go vers le col… ca me va.
Je monte vraiment bien jusqu’à 3km du sommet… ensuite je pioche et je me tortuguise comme à la belle époque… et toujours ce vent… et toujours ce 28 qui saute… mais ça passe. Dans la descente je calcule… il est 16h30. De balsiege il me reste 20km jusqu’à Marvejols… qu’est ce que je vais aller me tanquer a Mende alors que je peux aller jusqu’a Marvejols ? Y’a sûrement un cinoche aussi la bas.. go.. par contre zut j’avais oublié un détail : 6km de la bosse de Culture avant de redescendre vers la ville des loups. Bon… la il commence a vraiment racler les fonds de tiroir des sucres lents et des graisses, le bonhomme… ça oui des graisses il peut y aller c’est pas ce qui manque… m’enfin sur la terrasse au soleil où il prend un nouveau perrier tranche, il est pas loin du malaise vagal… le gros… d’autant que 2′ avant il a bien failli se vautrer devant ladite terrasse en se mangeant le trotoire par la roue avant…
Bordel… quel trou ce bled. L’hôtel de l’Europe n’a pas été restauré depuis Maastrich… rien de terrible alentour. Et moi qui croyais etre a 20km de st chely… j’en suis a 33… il est bientot 18h… 3 solutions : appeler babeth pour qu’elle vienne me chercher en voiture (suis vraiment mort). Payer 50€ d’hôtel… ou monter sur mon bike et avancer au plus loin, en commençant par sortir de ce trou via le col d’Issartet (qqchose comme ça), une couene de 7 ou 8km vent de face… bin voila. C’est la que tu reflechis pas et que t’y vas.
En haut du col le soleil descend plus vite que je ne monte… sur les vallons qui suivent, même sur le plat je mets le 34×20. Une éternité plus tard j’arrive au bout du truc.
Sms de Babeth : alors tu dors où finalement ?
Moi : dans un palace… c’est genial !
Elle : tu m’envoies une photo ?
Moi : c’est là : [photo de la maison de ses parents]
Ça fait 20 ans que je voulais faire ce périple dans ce sens là… (je l’ai fait 2 fois dans l’autre sens, c’est bien plus facile). Et pendant 20ans ce n’était jamais le bon moment. Alors ce coup ci, même avec une forme de moineau asthmatique, je pouvais pas rater l’occasion. En partant ce matin je savais que si je sentais la possibilité se présenter à moi, petit a petit, je le ferai… « tout etait dans la tête ».
190km / 3300m d+ / 10h30 de vélo
Manu, au risque de me repeter, tu m’impressionnes sur ce coup là!
Une belle leçon de courage et de revitalité qui pourrait inspirer ton idole politique du moment. Comme quoi rien n’est jamais perdu. Enfin presque….
Dans ces cas là l’essentiel est d’être sur de sa route et de ne pas lacher l’affaire malgré les vents contraires. Le basculement peut intervenir dans la toute dernière ligne, droite ou courbe.
Manu, au risque de me repeter, tu m’impressionnes sur ce coup là!
Une belle leçon de courage et de revitalité qui pourrait inspirer ton idole politique du moment. Comme quoi rien n’est jamais perdu. Enfin presque….
Jean Cense