On dit qu’elle sera de courte durée mais on la prend quand même, et avec plaisir. Cette éclaircie nous a fait beaucoup de bien et il fallait ça pour continuer sans soucis vers le sud.
Une belle étape sur de petites routes de montagne qui débute par l’ascension d’un très joli col à 1450 m d’altitude. Le début de celle-ci se déroule dans une vallée bordée de cultures sous serres ou sous filets. Chaque arbre fruitier est protégé par une ossature rigide en tubes métalliques, sorte d’échafaudages, recouverts de filets antiparasites ou anti-volatiles. Le raisin lui aussi est protégé de cette façon-là, lorsqu’il n’est pas, en plus, enveloppé dans une « poche » en matière étrange, « respirante » semble-t-il. Le prix des fruits est excessivement élevé au japon, sans doute à cause de ce soin particulier qu’apporte le producteur à chacun de ses fruits… au final, une grosse grappe de raisin type « Italia » à grains énormes vous coutera quasiment 900 Yen, soit plus de 6€… alors on savoure…
Aujourd’hui, on a traversé la forêt des singes et Jean-Yves, qui se trouve toujours aux avants postes, en a même vu un à quelques mètres de lui, perché dans un arbre bordant la route. Nous qui suivions à plusieurs dizaines de minutes à cet endroit-là n’avons rien vu. Dommage.
Le col était vraiment dur avec 5 à 6km autour de 10% et une grimpée totale de près de 20 km, mais les paysages et la tranquillité du coin valaient bien un petit effort physique…
Au sommet, nous profitons d’une superbe vue sur un premier lac, « Hibara Lake », que nous rejoindrons au bout d’une belle et très sinueuse descente… Mais pour l’heure, une interview du Commodore, prise sur le vif, avec les moyens du bord, pour couper court à quelques rumeurs insidieusement colportées par les réseaux sociaux.
…
Puis nous filons sur « Inawashiro Lake », à 25 kilomètres de là, beaucoup plus grand que le précédent, et au bord duquel nous séjournons ce soir. L’hôtel du golf d’Aizuwakamatsu se trouve sur les hauteurs, et l’on y parvient encore une fois uniquement grâce au GPS du Professor. Il nous annonce les croisements, la distance au but, jusqu’à un kilomètre de l’arrivée. Ensuite il se tait.
La veille, le sprint d’arrivée s’étant terminé par une fourberie de mes deux compères qui, alors que j’étais en tête, m’avaient indiqué de filer tout droit alors que l’Hôtel était à 100 mètres sur la gauche, j’avais décidé ce coup-ci d’attendre les derniers hectomètres pour porter mon attaque.
Lorsqu’à 1 km du but le Professor décida donc de ne plus nous donner d’information, et sur de mon fait malgré l’étroitesse de la route, j’emballais le sprint au moment où nous croisions une voiture, pour être certain de ne pas me faire déborder sur la droite (oui parce qu’au Japon, on roule à gauche). Après 500m d’efforts époumonés, il fallut malheureusement pour moi tourner à droite et prendre le risque de nous trouver nez à nez avec une voiture à contre sens ou ne pas prendre de risque ne tournant large… trop confiant, je prenais au large, pendant que le Commodore accélérait brutalement à la corde et entamait la montée en tête. Il restait alors à peine 200m pour atteindre la ligne d’arrivée à l’entrée du parking vide de l’hôtel. La montée d’acide lactique me fut fatale après 100m et à nouveau, j’abdiquais, non sans quelques cris de rage et de douleur mêlés.
Oui, ça peut paraître saugrenu, mais au fin fond du japon toujours, « l’esprit sudvelo » fait d’un brin de bêtise et d’une pointe de férocité, persistait toujours.
« Grrrrrrrrrrrr !! je l’aurai un jour, je l’aurai »….
Heureusement, le bain pris au Onsen de l’hôtel dans une eau brûlante et très chargée en minéraux… marron (un peu bizarre lais ça doit être bon pour quelque chose vu le monde qui barbotait) et une petite bière, nous requinqueront et nous réconcilieront, comme toujours.
Vers 17 Heures nous avons commandé un Taxi pour nous rendre en ville. Il faut dire qu’on est à 13km du centre d’Aizuwakamatsu, et que l’hôtel est situé en haut d’une petite colline… après cette journée, ça ne nous dit vraiment rien de partir à l’aventure à vélo, de nuit. Le taxi nous emmène au centre. De loin on distingue une immense statue blanche : elle culmine à 57 mêtres de hauteur, c’est la Aizu Jibo Dai-Kannon (Kuan Yin), Mother earth… Son blanc éclatant la rend visible de très loin, dans la nuit tombante.
Le centre-ville est assez sympathique. On se ballade un peu, puis on tombe sur un restaurant Espagnol qui propose une belle variété de tapas… et une Paëlla en plat du jour. On n’hésite pas longtemps à y entrer, et à commander ce qui sera une pâle imitation d’une vraie Paëlla. Nous l’arrosons d’un petit cru d’un vignoble de St Georges D’Orques, village de la région de Montpellier, cher à notre président de Club…
Nous en profitons pour tourner une autre séquence vidéo, plus culturelle cette fois-ci…
Au retour, le chauffeur de Taxi parle un Anglais rudimentaire mais lorsqu’il apprend que nous sommes Français il nous démontre une belle connaissance de notre pays, sans oublier de nous chanter quelques notes de « la vie en rose ». C’est touchant, sympa, on le sent content de nous ramener au golf.
Au moment d’éteindre les lumières, je sens bien que ce petit « St Georges » ne va pas passer aussi bien que je l’aurais souhaité…
Aizuwakamatsu : Nari Aizu Country Club and Hôtel *
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