Grand beau ce matin encore. On part un peu tôt car la route sera encore longue. Une centaine de bornes pour rejoindre le lac Mashu. D’après le « tôlier » ce ne sera pas plat. Nos copains de soirée sont sur le pas de la porte pour nous dire au revoir. Ils soupèsent le vélo de Francis avec un air impressionné : c’est vrai qu’il est lourd ce vélo chargé de 4 sacoches pleines à craquer. On se dit au revoir. Le jeune qui avait quelques problèmes de communication avec son père ce matin (il avait les yeux pleins de larmes mais faisait une sacrée tête de mule au petit dej) a retrouvé le sourire !
Sur la grande ligne droite du départ, à 500m de la maison on les voit encore nous faire de grands gestes et ils nous crient sans doute bonne route ou quelque chose d’approchant… on ne comprend pas mais ça nous fait chaud au cœur. Dans un champ sur la gauche, au loin, deux grandes grues blanches et noires se font la cour. C’est une belle apparition.
Ayant décidé de faire un peu de tourisme sur cette « milk way », nous montons à l’assaut d’un point de vue sur la vallée des vaches. Il s’agit d’un kilomètre très raide où l’on met pour la première fois « tout à gauche », dans une pente à plus de 10%. Le temps d’un café local (rien à voir avec un expresso, plutôt un long « jus de chaussette », mais acryliques, les chaussettes…) et on reprend la route vers l’Est. On quitte les vallées agricoles pour nous diriger vers des petits volcans pas très hauts qui, à vol d’oiseau, sont encore à moins de 60 kilomètres d’Abashiri, notre point de départ il y a 3 jours.
La petite pension qui nous accueille après plus de 100km de route se trouve située entre les lacs Mashu et Kussharo. La maison est fort sympathique, la chambre assez petite à lits superposés. Sitôt les sacs déposés et la lessive lancée, nous partons à la découverte du lac Kusshoro, à quelques tours de pédales de notre gite. Nous nous arrêtons à l’Onsen public en plein air bordant le lac. Le lieu est magique. Il s’agit d’un petit bain d’eau à 40°, d’une quarantaine de mètres carrés, délimité par de gros rochers de basalte ou autre minéral gris foncé. Il donne littéralement dans le lac. L’atmosphère est très sereine. On est une demi-douzaine dans l’eau, dont deux jeunes, l’homme d’un couple dont la femme est dans le même bain mais de l’autre côté de l’énorme rocher faisant office de brise vue, et un personnage masculin assez mystérieux, plus proche de l’ascète indou que du Japonais.
Encore une fois les gens s’intriguent un peu à nous voir nous mêler aussi facilement à leur « rituel » et nous interrogent sur notre provenance, notre destination. L’homme d’une cinquantaine d’années est déjà venu en France, cela nous donne aussi un sujet de conversation.
Après une bonne demi-heure de bain chaud, et un petit bain froid dans ce lac sans profondeur (à 200m du bord on avait de l’eau jusqu’aux genoux), nous prenons le chemin du retour.
Au détour d’un virage, sortant d’une forêt assez dense, nous voilà face au Mont Lõ : petit volcan déversant le long d’une vallée brumeuse, une source chaude et soufrée. Nous nous y arrêtons. Le décor est irréel. C’est la première fois que je me trouve face à ce type d’environnement volcanique. Les vapeurs sortent du sol, l’eau coule en bouillonnant, le jaune vif des trous souffleurs est surprenant. On passe un instant sur place puis nous continuons notre route car la nuit tombe et le cuistot nous a demandé de ne pas être en retard pour le repas…
Dans la salle de restaurant où nous dinons, nous faisons la connaissance d’un jeune homme originaire de Yokohama. Il est étudiant, a espoir de trouver un premier boulot aux Etats-Unis, parle très bien l’anglais, et pendant ses congés randonne dans la région avec son ami.
Après une telle journée, le sommeil vient rapidement. 100km chargés de bagages puis une 20aine « à vide », ça vous calme pour la nuit.
Biruyama : Mashumaro, Hôtel-pension dont nous avons perdu le nom
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