Et enfin était venue l’heure du «begining of the day One of the trip »… et ce qu’ils attendaient depuis des mois, qu’ils avaient préparé aussi minutieusement que possible, dont ils rêvaient toutes les nuits depuis plusieurs semaines : cela se produisit, en ce matin bruineux dans ce grand Nord de ce pays inconnu.
Ils partirent donc, sous quelques gouttes, en direction d’Utoro, 80km plus loin.
Raconter cette première étape c’est raconter une première fois, une multiple première fois : la première fois aussi loin de chez moi, la première fois aussi chargé sur ce vélo, la première fois dans un pays aussi étranger à mes propres repères, la première fois à vélo à rouler à gauche, la première fois à me ravitailler d’une brochette de noix de Saint Jacques grillées au bord de la route, la première fois à rouler avec mes deux potes aventuriers dans cette configuration-là, la première fois à me sentir aussi libre, au moins depuis la Corse, 3 mois plus tôt…
Cette première étape, c’était tout ça. Nous longions la mer face à l’ile de Sakhalin, le vent soufflait du sud Est et nous était favorable. Le terrain était plat, les nuages s’étaient effacés, nous roulions dès cette première fois « façon puzzle » sur la route d’Utoro, Jean-Yves devant, Francis derrière, moi au milieu.
Personnellement, je volais.
A midi nous avions posé les vélos en bord de route, dans notre premier petit restaurant typique. La terrasse était couverte, vue sur la mer qui bougeait pas mal, on ne voyait toujours pas l’ile de Sakhalin mais on devinait qu’ici l’hiver, tout devait être presque trop blanc.
La salle de restaurant était un petit musée de vieilleries photographiques. Un harmonium sans âge à côté de la vitrine des Leïca donnait à l’endroit un « style 19ème ».
Notre ration de nouilles avalée, nous étions repartis et arrivés rapidement à Utoro, 40km plus loin. La pension Bonshome était l’arrivée de notre première étape.
Nous déposions nos affaires dans une pièce de 15 m², 3 futons repliés, voisine d’un petit salon commun aux 3 chambres de l’étage.
Une rapide visite à la pointe rocheuse qui prolongeait un port-forteresse endigué d’énormes blocs de béton dont une quantité importante était là stockée, attendant leur mise à l’eau. La mer, vue du sommet de la petite butte, était belle, bleue et sauvage. Les vagues se brisaient sur les longues digues, les goélands virevoltaient… on se serait cru quelque part en Bretagne.
Le soir nous nous attablions tôt face à un repas typiquement Japonais que Jean-Yves nous faisait découvrir avec amusement : le poisson, les algues, la soupe miso, les condiments, les œufs de poissons, les baguettes, le soja, le tout arrosé de bière de Sapporo… tout était entièrement nouveau pour Francis et moi.
Jean-Yves déjà nous faisait visiter.
Utoro : Hôtel-pension Bonshome
À Abashiri
Remonter le vélo
De Jacques Tati
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