Le village fantôme

La nuit, le pont suspendu d’Aomori s’illumine de bleu. Ma chambre (individuelle, exceptionnellement) au 22ème étage de l’Hôtel, offre une jolie vue sur la ville. Au matin de ce 14ème jour je prends un peu plus de temps pour me lever, car dehors il n’y a pas grand-chose à faire…

Aujourd’hui l’étape est courte (un petit 70km) mais bien vallonnée. Il nous faut d’abord nous hisser à 1000 mètres d’altitude, au pied des « Hakkoda mountains », par un col d’une vingtaine de kilomètres avec quelques belles pentes raides. La route monte dans une forêt très dense, sur un tapis de Bambous nains. On entre dans une zone skiable aux alentours du col. Le commodore a pris les devants et nous attend sur une petite placette où a lieu un marché de matériel de montagne. On se retrouve sur un stand Salomon qui vend de belles paires de ski FreeRide, mais on ne craquera pas… pas d’achat impulsif, non, pas ce coup-ci !

On bascule dans une descente extrêmement sombre et humide. J’ai beaucoup de mal à tenir mon vélo et les freins à disque me semblent trop souples. A plusieurs reprises je passe à deux doigts de la sortie de route car la route est glissante.

Nous parvenons au fond de la vallée sans dommages mais je suis trempé et frigorifié. Je me change dans les toilettes du restaurant très peu chauffé. Les patrons mangent, stoïquement attablés devant la télévision qui retransmet un marathon en relais, semble-t-il en direct. Nous nous restaurons rapidement avant de reprendre la route, direction le lac qui ne se trouve plus qu’à une trentaine de kilomètres.

Toujours un peu en manque de luminosité et de chaleur, nous remontons une vallée longeant une belle rivière descendue du lac. On doit être Dimanche car il y a beaucoup de monde ici, des véhicules garés un peu n’importe comment. Nous nous arrêtons près d’une belle cascade qu’il faut visiter à pied. C’est l’affluence. Un taxi même, dépose ses vieux passagers endimanchés à 100 mètres du point de vue. Il nous reste 4 kilomètres pour rejoindre le bord du lac, puis 10 encore pour rejoindre notre hôtel.

La grisaille ne faiblit pas. Le « Towakado Lake View Hôtel » qui nous accueille semble complètement vide, à l’image de la petite bourgade, désertique. Le lieu pourtant a l’air très touristique et le lac splendide, mais nous sommes donc bien dimanche soir… impossible de trouver un bar ou un restaurant ouverts. Nous dinerons donc à l’Hôtel.

Avant de passer à table, nous insistons auprès du réceptionniste pour qu’il nous aide à réserver notre hôtel du lendemain soir. Nous avons trouvé in-extrémis un lieu qui semble pouvoir nous convenir, à une distance convenable du lac où nous sommes. La zone que nous traverserons demain nous semble très peu peuplée, et nous ne pouvons pas prendre le risque de partir à l’aventure.

Après avoir tenté de nous dissuader à plusieurs reprises, prétextant que l’hôtel que nous visons est inadapté à nos besoins, l’homme parvient quand même à appeler et réserver une chambre pour 3 au Tamagawa Onsen, un des plus grands centres de cure Onsen du Japon. Nous sommes assez impatients de découvrir le lieu.

Avant ça il faudra rouler 80 kilomètres en montagne, et espérer que la pluie battante qui redouble dans la soirée se sera un peu calmée demain matin…

Lac Towakado : Towada Lake View Hôtel **

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