Des tunnels sans fin
18h nous voilà douchés, baignés, séchés, massés des pieds, ratiboises… dans un beau Onsen de la région de Osaki.
Attention, le billet qui va suivre n’a rien de culturel, de botanique ou de romantique. Cœurs sensibles passez votre chemin.
Une première demie étape qui commence par 35km de zone commerciale… un peu comme si on avait traversé 20 fois la zone de Lattes Fréjorgues ou de Comboire ou d’Annecy le vieux… des feux tous les 300m. Au loin les montagnes où l’on a hâte d’être, bien qu’elles soient recouvertes d’un gris vraiment menaçant. Bref. S’ensuit une transition d’une vingtaine de km où la pluie nous arrive par petites touches de spray, comme pour vous mouiller un peu la nuque avant de vous jeter à l’eau.
Et puis arrive 12h30 et une pause déjeuner tellement belle (superbe petite maison typique, et hop, un nouveau « plat de nouilles sur tatamis ») : notre vrai beau moment de la journée.
On sort de table sans mal, puisqu’on n’a pas vraiment exagéré sur les quantités.
En 5 km nous voilà dans la soupe, et le vent, et les rafales et à nouveau ces vagues de pluie pour arroser tout ce vert… On se croirait en chartreuse au printemps… il reste 40km dans la lessiveuse et on est trempés comme des soupes…
Et puis il y a les tunnels… 7. Le premier fait 3250m. 3250m de tunnel avec des poids lourds qui doublent dans un bruit de tonnerre qui dure, qui dure…
Heureusement les suivants sont bien plus courts, mais à chaque fois que tu sors d’un tunnel tu prends une gifle de pluie fine dans la tronche qui te picote le visage et te fait fermer les yeux… mais « c’est pas grave… t’es mieux dehors ».
Et puis un nouveau tunnel : celui-là c’est une soufflerie. Tu rentres là-dedans comme dans la ligne droite du sprint, tu appuies sur les pédales comme un dératé pour ne pas entendre à nouveau le bruit des essieux de poids lourd te venir sur les sacoches.
Et puis tu en ressorts et vlan, re-gifle.
Là c’est un carrefour à 3 possibilités identiques. Il pleut des cordes, mais tu dois consulter ton GPS, celui de ton téléphone dont tu n’as pas retiré la protection-verrouillage par empreintes digitales. Alors tu te penches bien sur le téléphone pour le protéger de la flotte, mais ton doigt est tout fripé, et la reconnaissance d’empreinte ne fonctionne pas… Heureusement tu as un mot de passe de déverrouillage, mais comme il est aux normes haute sécurité il fait 12 caractères de long, avec numérique et alphabétique mêlés, et que ton tel est en mode « super économie d’énergie »… bin t’as pas le temps de taper les 12 caractères avant qu’il se re-vérouille… alors là, c’est ce que l’on appelle “un long moment de solitude”. Tu rentres ton objet technologique à l’abri dans une sacoche et tu essayes de te mettre à la place du Commodore : quelle route a-t-il bien pu prendre ?
Alors bizarrement tu prends à droite… la route à droite, parce que c’est celle qui te semble être logiquement la bonne et que « le Commodore, s’il est Commodore, c’est essentiellement grâce aux réponses logiques qu’il apporte aux situations absurdes ». Alors j’y vais. 2 Kilomètres plus loin, il fume sa cigarette, à l’abri d’un vague auvent devant une épicerie communale…
Sans attendre le Professor qui est sur équipé en terme de GPS et à qui on fait entièrement confiance pour trouver l’arrivée, et surtout parce que nous commençons à nous peler, nous repartons.
Très vite la pluie redouble, le Commodore fait le trou et disparait à nouveau par l’avant… je roule encore longtemps dans cette soupe, et puis après une dernière côte, puis la dernière belle descente. Tu passes le pont, et c’est l’hôtel. Encore un Onsen.
Pose tes affaires et file au bain, il est chaud. Et tiens t’as même une Binouse Sapporo qui t’attend.
110km quelques heures de selle et pas mal de soupe…
Rhaaaa c’est pas des vacances, c’est un raid…
Osaki-Miyagi : Ryokan Naruko onsen ***
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